09/05/2007

S,
"Dis moi, çà te fait comment de dire maman?" S, n'insiste plus. Comme je te l'ai dit, tu as régenté mon enfance en France et mon adolescence. Ton autorité m'a fait sentir en plus d'être adoptée dans le sens physique, d'être exclue du système social des jeunes de mon âge. J'ai accepté de n'avoir pas eu de "maman", ne m'impose pas ton dicta sentimental, affectif. Je ne vais pas t'appeler "maman" pour te faire plaisir alors que je n'y mets pas mon coeur.
Depuis plusieurs années, mes amis sont ma famille. Mes "emmerdes", ils m'ont assistées. Je sais qu'ils seront toujours là, sans jamais comptabiliser. J'ai cette chance d'avoir pu constater que, dans mes périodes difficiles, j'avais des amis qui m'ont apporté leur soutien spontanément. Pour l'instant, j'ai passé ma vie à plus donner mais c'est mon tempérament.Chacun a sa philosophie, sa perception de la vie.
Il y a eu une cassure depuis bien longtemps. Même un vase recollé, ce ne sera jamais pareil. "Maman" est un mot empreint de douceur, de compréhension, un mot magique... Il ne l'est pas pour moi. Ne me demande pas de le prononcer ou de l'écrire. Je suis adulte, j'ai manqué d'une "maman", j'en ai souffert,mais maintenant, ce n'est plus le cas. Je n'ai pas connu les joies que mes amies connaissent encore avec leur mère ou parents mais la vie, en contre-partie, m'a appris beaucoup de choses. Les difficultés surmontées, c'est un esprit qui grandit, une sagesse, une acceptation, une tolérance, un certain relativisme.
Je n'attends rien de vous, de B (sauf qu'elle cesse de me prendre pour la "bonne poire", l"idiote" grande soeur qui doit toujours donner, sacrifier, accepter ce qu'elle impose et fait croire inévitablement). Mais c'est comme çà, une fois de plus dans la vie: des gens qui préfèrent donner d'autres recevoir.Juste vivre tranquille et surtout ne jamais devoir hormis mes amis avec qui, j'ai le même fonctionnement, les mêmes convictions. Car comme pour eux et pour moi, c'est la solidarité qui prime et non le nombre de fois que l'un a pu aider l'autre. C'est le coeur qui parle. Et là-dessus, nous sommes dans deux mondes différents.
Ce qui est perdu, le temps ne pourra jamais le rattraper. Car chaque étape de la vie est importante pour se construire, les besoins tellement plus importants dans l'enfance et l'adolescence.
On ne refera jamais le passé. Profitez pleinement votre période de vie tant que la santé le permet, acceptez que la proximité, la complicité entre nous (qui n'a jamais existé) ne pourra pas avoir lieu car vous avez manqué une partie de ma vie, qui nous a encore plus éloignés. Je ne vous en veux pas. Chacun son histoire, sa personnalité, sa philosophie de vie.
A