J'ai manqué de parents en France qui ont été nourriciers à mon égard, différents avec B qui était la petite à protéger, le bébé. Et ces derniers temps, ça travaille pas mal et je me dis comment je pourrais revoir ma mère qui m'a vue en cachette de son mari à peine 1 heure en 95.
Avec tous les problèmes, je manque cruellement de la force d'une mère. Seule ma mère 옥봉, que S a catégoriquement refusé de rencontrer, peut être capable de soutien avec son amour mais impossible vu sa situation familiale et donc de la culture coréenne.
Ma Maman est une Maman Comme toutes les Mamans Mais voilà c'est la [Mick Micheyl] Paroles de la chanson Ma Maman .
J'aurai aimé le dire aussi et lorsque je lis le blog d'une tante et d'une cousine, j'envie ce qui n'a jamais existé et n'existera jamais pour ma part. Maman est un mot magique, empreint de tant de choses. J'ai eu une maman en Corée, c'était le bonheur. Un père présent, des parents décidant à 2 pour leur famille... A ce jour, je peux dire que c'est le bien le plus précieux que j'ai perdu. Comme dit la pub de Mastercard, elle permet d'acheter beaucoup de choses mais pas certaines choses qui n'ont pas de prix.
Une de mes meilleurs amies est adoptée coréenne, âgée d'un an de plus. Elle a un frère. Une éducation stricte mais pour les 2. Elle me racontait qu'en dehors d'un anniversaire supplémentaire (arrivée en France) par rapport à son frère, enfant biologique de ses parents, c'était la seule différente. Ils ont toujours été justes et à l'écoute et en ont fait des adultes équilibrés dans leur relation. Elle est l'aînée mais ses parents ne lui ont jamais fait peser le poids de son statut. Elle a bien du mal à comprendre S.
C'est beau l'amour maternel, tellement réconfortant. Et qu'est-ce que cela peut aider dans la vie, dans les passages à vide.
En Corée, les difficultés étaient nombreuses et douleureuses mais je retiens un amour parental énorme et qui efface les moments où le corps criait famine ou grelotait de froid à l'extérieur faute de vêtements. Préserver les plus jeunes et se soutenir. C'était très fort. Et c'est bien ce qui me fait mal. Etre retrouvée par la famille coréenne, cela a ouvert ce que j'avais perdu d'important par l'adoption et ce que je pensais retrouver en France après avoir subi le choc d'une adoption alors qu'on m'avait annoncé un voyage à Paris (=eldorado pour les Coréens) sans cette adoption.
En dehors de ne pas être libre de sortir comme je l'entendais, je n'étais pas malheureusement à l'orphelinat. B n'a jamais connu l'orphelinat en dehors de celui de transition en partenance pour la France. J'étais la seule grande. L'école était individuel, la nourriture était abondante. J'ai eu mes premiers vêtements neufs, la fierté de choisir mon premier maillot de bain... La cuisinière s'était prise d'affection pour moi et inversement. Elle m'emmenait parfois chez elle où son fils était comme un grand frère. Je retrouvais le schéma quasi-familial où lorsque mon père était vivant, c'était mon frère qui me protégeait à l'extérieur...
Ce que j'ai perdu, une pseudo maman comme S ne peut même pas le comprendre. Se retrouver parachutée aînée sans en avoir bénéficié une seule période des avantages de ce statut, engueulades basées uniquement sur les dires de la peste de petite soeur pleurnicharde, voilà ce que j'ai trouvé. Vacances à la mer, à la montagne, chambre individuelle, chaîne hi-fi ... tout était sujet d'envie de S de "à ton âge, je n'avais rien de tout cela". Voilà ce que j'ai connu et pourquoi j'envie les autres et leurs mères. Où les désirs primaires, simples voire "débiles" d'un enfant n'avait pas place tels que BD (hormis Tintin), le coca, le nutella, les dessins animés tels que Walt Disney, les séries TV, porter des jeans, pouvoir traîner un peu après l'école avec copains, copines, aller à des boums... Une S fermée sur le monde entourant ses enfants, tout simplement le monde des enfants, fermée sur les centres d'intérêt qui ne sont pas les siens, fouteuse de discordes entre B et moi (diviser pour mieux régner ?) ... Si vous n'êtes pas doté du sens de l'hypocrisie et de la comédie, c'est tout simplement invivable et destructeur.
Mais j'ai connu une petite maman avec ma tante décédée trop tôt M-M. Les premières vraies relations étaient difficiles mais elle s'était remise en question. Petit à petit, la relation a évolué. Avec elle, je pouvais discuter de tout et me considérait comme une personne à part entière. Elle m'a aidée pour mon premier devoir de philo en me permettant simplement d'en discuter avec elle, ce qui m'a valu la meilleure note et la seule au-dessus de la moyenne. L'héritage qu'elle a légué à B et moi, c'était la petite maman qui parlait car elle seule avait bien cerné S...